L’ère Heisei (1989-2019) 平成時代








Une ère marquée par les désastres
Si, malgré son nom, l’ère Showa (qui signifie "paix éclairée") ne fut pas celle de la paix, l’ère suivante, Heisei (1989-2019), celle de "l’accomplissement de la paix" fut pacifique. Cependant, une série de terribles catastrophes naturelles et d’évènements sanglants ont secoué l’archipel tout au long de ces trente années.
7 janvier 1989 : l’empereur Hirohito rend son dernier soupir à l’âge de 87 ans. Le prince héritier, Akihito, lui succède dès le lendemain. Il sera intronisé plus tard, le 12 novembre 1990. Le nom de la nouvelle ère est alors décidé en un jour : ce sera celle de "l’accomplissement de la paix", Heisei.
Crise économique, instabilité politique, attentats, catastrophes naturelles et accident nucléaire forment la longue liste des calamités qui ont frappé le pays tout au long de cette ère, notamment dans les dix dernières années.
Une scène politique mouvementée
Pas moins de 15 Premiers ministres ont été nommés dans les 24 premières années de l’ère.
En 1993, le Parti Libéral Démocrate (PLD), parti de droite détenant le pouvoir depuis sa création, perdra pour la première fois le contrôle du gouvernement. Suite à la défaite du PLD aux élections générales du 18 juillet 1993, le socialiste Tomiichi Murayama est élu Premier ministre le 30 juin 1994. C’est le premier chef de gouvernement socialiste depuis 1948.
Aux élections législatives du 30 août 2009, le PLD perd également, pour la première fois de son histoire, sa position de premier parti de la Chambre des représentants. Le principal parti d'opposition, le Parti démocrate du Japon (PDJ) emporte la majorité absolue des sièges et forme une coalition avec le Parti Social-Démocrate et le Nouveau Parti du Peuple. De septembre 2009 à décembre 2012, trois Premiers ministres issus du PDJ se succéderont.
Les élections législatives du 16 décembre 2012 verront le retour en force du PLD et la nomination de Shinzô Abe comme Premier ministre le 26 décembre 2012. Cette victoire mettra fin à ce défilé incessant de Premiers ministres puisque Abe est toujours au pouvoir aujourd'hui.
La fin du "miracle économique" et les années de crise
Après avoir atteint son point culminant fin décembre 1989, la "bulle spéculative" du Japon (1986 à 1990) éclate et les années 1990 sont caractérisées par une période de stagnation économique et de déflation que les Japonais ont surnommée la "décennie perdue". En mai 1999, le chômage atteint des taux record alors que les emplois précaires connaissent une forte hausse.
La crise économique mondiale de 2008-2009 touche le Japon de plein fouet et le pays entre en récession jusqu’au début du troisième trimestre 2009. Le retour à la croissance ne se fait, timidement, qu'à partir du début des années 2010.
L’Archipel tremble
D’éruptions de volcans en tremblements de terre, le Japon vécut de terribles années.
Le 3 juin 1991, après plusieurs années de secousses et deux éruptions, une nuée ardente s'échappe du mont Unzen , sur l’île de Kyushu, et fait 43 victimes.
Le 17 janvier 1995, à Kobe, un séisme d'une magnitude de 7,3 sur l'échelle de Richter fait 6 437 morts, des dizaines de milliers de blessés et des dégâts matériels atteignant plus de 100 milliards de yens.
Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude de 9 sur l'échelle de Richter provoque un tsunami géant qui va ravager la côte Pacifique du Tôhoku, dans le Nord-Est de l’ile de Honshu et provoquer l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima. Suite au tsunami, ce sont 15 000 personnes qui sont déclarées décédées et des milliers d’autres portées disparues. La région est anéantie et aujourd'hui toujours en pleine reconstruction.
En 2004 et 2007, c’est la région de Niigata qui est à son tour frappée par deux séismes puis, en 2016, la ville de Kumamoto et ses environs subiront plusieurs tremblements de terre mortels.
En 2018, pluies torrentielles et glissements de terrain sont venus également endeuiller diverses régions de l’archipel.
Le Japon sous le choc
Le 20 mars 1995, l'attentat terroriste au gaz sarin de la secte Aum dans le métro de Tokyo fait 12 morts et des milliers de blessés.
Le 8 juin 2001, un forcené pénètre dans une école élémentaire d’Osaka et tue au couteau de cuisine 8 enfants et blesse 15 personnes (13 élèves et 2 enseignants). Le Japon est, une fois de plus, sous le choc.
Le 8 juin 2008, un homme de 25 ans, fonce avec son véhicule sur la foule du quartier très fréquenté d'Akihabara, tuant 3 personnes et en blessant 2 avant de s'élancer, couteau à la main, pour poignarder des passants au hasard, tuant 4 autres personnes et en blessant 8 autres avant d'être arrêté par la police.
Le 26 juillet 2016, un employé d'un centre pour handicapés mentaux à Sagamihara, dans la préfecture de Kanagawa, poignarde mortellement 19 patients et en blesse 26 autres. Il avouera plus tard qu'il pensait que les personnes handicapées "devraient disparaitre".
Outre ces massacres, de nombreux autres faits-divers très sanglants et particulièrement cruels, parfois perpétrés par des enfants, ont mis à mal le mythe d’un Japon où règnent l'harmonie et la sécurité.
Une scène culturelle et sportive plus sereine
Côté sport, les Jeux Olympiques d’hiver de Nagano en 1998 et la Coupe du monde de football en 2002 (co-organisée avec la Corée du Sud) sont venus égayer l'Archipel.
La scène culturelle, quant à elle, voit l’émergence du mouvement "Cool Japan". Un concept inventé en 2002 et décrit comme une forme de soft power. Manga, anime, maid cafes, idols, etc, la "culture otaku" attire un nombre de plus en plus croissant de fans du monde entier.
C’est ainsi que le dessin animé Sen to Chihiro no Kamikakushi, en français "Le voyage de Chihiro", réalisé par Hayao Miyazaki et produit par le studio Ghibli connaît un immense succès international.
Le cinéma japonais se voit plusieurs fois récompensé au Festival de Cannes. En 1997, le film Unagi (l’Anguille en français) de Shohei Imamura reçoit la Palme d’Or. En 2018, c’est au tour de Hirokazu Kore-Eda de la recevoir pour son film "Une affaire de famille".
Enfin, c’est en 1993 que le Japon voit ses premiers sites inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il en comptait en tout 22 en 2018.
L’ère Heisei s’achèvera le 30 avril 2019 avec l’abdication de l’empereur Akihito âgé de 85 ans. Son fils ainé, le prince Naruhito, 57 ans, lui succèdera le 1ermai 2019 et entamera ainsi l’ère Reiwa.