La culture du ma 間の文化
Un idéal de beauté
Harmonie, équilibre, simplicité,zen... Tels sont les mots qui peuvent venir à l'esprit lorsque l'onévoque les arts japonais. Ils peuvent parfois surprendre par leurminimalisme. En réalité, la place laissée au vide est justement cequi génère leur beauté. Ce vide qui n'en est pas vraiment un,c'est le ma.
Le "ma", l'équilibre entre toute chose
Si la notion dema est particulièrement présente dans l'esthétiquejaponaise, elle est également primordiale pour comprendre lesrelations humaines et la culture nippone. Le ma, c'estl'intervalle entre deux choses, non pas envisagé comme une absencequi sépare, mais comme une relation. Prenons quelques exemples pour y voir plus clair.
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Dans les cérémonies du thé, leplacement des ustensiles et récipients répond à des règlesprécises et complexes. L'espace est divisé en lignes imaginairessur lesquelles sont disposés les objets. Placer l'objet le plus précieux lelong de la ligne centrale est une règle importante, mais ce dernierdoit être légèrement décentré. Ce décalage, ce vide créé,c'est le ma. Ce n'est pas l'absence de quelque chose, mais lecœur des choses. Cette notion s'applique à l'architecture, à lacalligraphie ou encore à l'art floral.
Le ma n'est pas seulementun concept spatial. C'est également un intervalle temporel. Dans lethéâtre nô, on le retrouve dans la tension entre deux répliques,dans les pauses que marquent les acteurs. Là encore, il ne sauraitêtre perçu comme un manque ou une absence. Il donne le rythme.
À lire : Le théâtre nô
L'espace du "Ma", un gracieux décalage
Pour autant, le ma n'est pasfigé. En danse classique japonaise, il est apprécié que le danseurne marque pas exactement le tempo. Un véritable maître saura joueravec les temps et les contretemps, créant un gracieux décalage. Lema qui s'incarne dans ces subtiles variations est tantôt uneaffaire de timing, tantôt un déplacement spatial, et parfois mêmeun mélange des deux. Mais alors, quelle place a-t-il dans les attitudes etles relations humaines des Japonais ?
Chaqueindividu doit se contraindre à adopter un comportement social. Ils'agit de se contrôler afin de ne pas susciter de honte, par exemple, jusqu'à ceque la capacité à se conduire de manière adaptée soit une secondenature. Au Japon, la logique de groupes et de cercle sociaux prédomine. Entre l'uchi et le soto, nous avons le seken, ces gens qui ne sont ni proches ni inconnus. Secomporter avec eux implique de n'être ni trop attaché, ni tropdistant et donc de prêter d'autant plus attention à l'intervalle, au ma,entre soi et les autres. Ainsi, ce concept se retrouve même au cœurdes relations interpersonnelles.
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