Torii, le portail sacré du Japon 鳥居

Torii au Japon
MustangJoe
Une autre porte sur le Japon
Les sanctuaires japonais ont souvent une porte avant leur porte : les torii. Ces portails délimitent la frontière entre le monde profane et l'espace sacré du sanctuaire, et sont devenus des symboles particulièrement caractéristiques du religieux au Japon. Découvrez ici leurs caractéristiques, leur origine et leur histoire !






Une légende shintô, les origines des Torii
L’origine des torii n’est pas clairement identifiée. D’aucuns pensent qu’ils auraient des sources en Inde ou au Népal, à l’image des torana. Ces derniers étant des portiques à l’entrée des lieux sacrés.
Cependant, dans le Kojiki, recueil des mythes concernant l’origine de l’archipel du Japon et des kami (divinités shinto) écrit en 712, on trouve la légende suivante : la déesse du soleil, Amaterasu, fâchée contre son frère, s’était enfermée dans une caverne. Le monde fut alors plongé dans l’obscurité et ce fut le chaos. Les kami (divinités) se réunirent pour réfléchir comment faire sortir la déesse de sa grotte et, dans un premier temps, "Les Kami réunirent les oiseaux au long chant des ténèbres", c’est-à-dire les coqs, et les firent chanter pour attirer la déesse à l’extérieur.
Pour ce faire, ils installèrent des coqs sur un perchoir juste devant l’entrée de la grotte.
Le nom du coq, et le terme désignant les oiseaux se prononce tori ( prononcez toli) presque comme le nom du portail qui se prononce torii (tolii en allongeant le ii) et qui s’écrit avec le kanji de l’oiseau : "tori" associé à un autre idéogramme.
Pour certains, cette légende expliquerait l’origine du nom du portail mais aussi le fait qu’un portail soit placé à l’entrée des lieux sacrés shintoïstes car à la suite de cet évènement, les gens se seraient mis à construire des perchoirs pour oiseaux devant l’entrée des sanctuaires.
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Qu'est-ce qu'un torii ?
Tout comme le panthéon japonais comprend une multitude de déités, il existe un nombre incalculable de types de torii. Ils peuvent cependant être subdivisés en deux grandes catégories : shinmei torii (les torii droits) qui comprennent 5 variantes principales et myôjin torii (les torii recourbés), qui comprennent 6 variantes principales.
Les torii sont habituellement réalisés en bois, et peints en vermillon. Certains ont la base peinte en noir. On en trouve également en pierre, parfois en bronze ou encore en béton. Un torii est constitué de deux linteaux, un linteau supérieur, dont les extrémités peuvent être recourbées vers le haut, appelé kasagi, et un linteau inférieur qui est nommé nuki. C’est sur le linteau inférieur que l’on accroche parfois la corde sacrée en paille torsadée, shimenawa.
Les linteaux sont soutenus par deux piliers, hashira, qui, dans certains cas, peuvent être accompagnés d'un plus petit pilier à l'avant et à l'arrière, orientés sur une ligne perpendiculaire aux linteaux. Ils reposent sur une base appelée kamebara.
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L'entrée des sanctuaires shintô
Le torii est généralement installé à l’entrée des sanctuaires shintô, mais il peut aussi être placé au début d’une rue menant à un sanctuaire ou encore au milieu d’un champs ou d’un terrain, annonçant que l’endroit est sacré. Il n’est pas rare de voir aussi trois torii éloignés l’un de l’autre mais alignés sur un même axe, avant l’entrée d’un sanctuaire.
Il existe parfois un torii à l’entrée d’un temple bouddhiste sans qu’il y ait de sanctuaire shintô dans son enceinte. C’est le cas du temple Shitennô-ji d'Osaka, le plus vieux temple bouddhiste du pays, érigé en 593. On y trouve un immense torii en pierre, qui a remplacé celui d'origine qui était en bois et qui a brulé lors d’un incendie en 1294.
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Dans la religion shintô, le torii est une porte qui permet aux humains d’accéder au monde spirituel, protégé par une force divine, puis d’en ressortir pour revenir dans notre monde profane. Ainsi, la croyance veut que lorsque l’on rentre par un torii, il faut ressortir par le même portail afin de pouvoir retourner dans le monde réel. Certains Japonais n’hésitent pas à contourner un torii s’ils ne sont pas sûrs de revenir par le même chemin ou s’ils se sentent trop impurs pour entrer dans un espace sacré.
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Quelques torii emblématiques du Japon
Attribut des sanctuaires shintô, le torii est devenu un véritable emblème du Japon. Qui n’a pas à l’esprit le majestueux portail vermillon du sanctuaire d'Itsukushima, perdu dans la mer ? Situé au bord de la l’île de Miyajima, dans la baie de Hiroshima, ce torii se distingue par ses 16 mètres de hauteur et une structure à 4 montants. Traditionnellement, les voyageurs devaient passer dessous avant de mettre pied sur la terre sacrée de l'île. Il fait par ailleurs partie d'une des "trois vues les plus célèbres du Japon".
Il y a également le torii flottant du sanctuaire de Hakone dans le lac Ashi, à Hakone. Chaque jour, des centaines de touristes font la queue pour pouvoir se prendre en photo devant le portail vermillon avec le lac et les montagnes en toile de fond…
Quant à "l’allée aux 10 000 torii du Fushimi Inari-taisha", à Kyoto, sa photo fait chaque jour le tour du monde. Là, il n’y a pas un torii mais plusieurs milliers qui grimpent le chemin de la colline qui mène au sanctuaire.
Ces portails ont été achetés par des hommes d'affaires ou des sociétés qui, en offrant un torii, espèrent obtenir la bénédiction des dieux. C’est également un moyen de se faire un peu de publicité. Sur les poteaux du portail, ils ont fait écrire leur nom ainsi que la date de pose. Le coût d'un emplacement pour un de torii de petite taille commence autour des 40 000 yens (environ 340 euros) et peut aller jusqu'à plus d'1 million pour les plus grands.
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