Les différents types de sushi
- Publié le : 26/04/2025
- Par : F.F.Y.
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Le sushi, emblème de la gastronomie japonaise, est bien plus diversifié que la simple association poisson cru et riz que beaucoup imaginent. Né comme méthode de conservation du poisson, il a évolué au fil des siècles pour devenir un art culinaire raffiné et mondialement apprécié. Face à la multitude de variations existantes, il est essentiel de comprendre les différences entre chaque type de sushi, leurs caractéristiques, leurs ingrédients et leurs origines. Du traditionnel nigiri aux innovations contemporaines, chaque style possède son histoire et ses particularités. Découvrons ensemble les principales catégories de sushi que vous pourriez rencontrer, des plus traditionnels aux créations modernes.
Les origines et l'histoire des sushi
L'histoire du sushi remonte à plusieurs siècles et trouve ses origines en Asie. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le sushi n'est pas né au Japon mais en Chine, au IIe siècle avant J-C. À cette époque, il s'agissait d'une méthode de conservation appelée narezushi, où le poisson était placé entre des couches de riz fermenté. L'acide lactique produit par cette fermentation permettait de conserver le poisson pendant plusieurs mois. Curieusement, le riz n'était alors pas consommé, on le jetait après avoir récupéré le poisson.
C'est au VIIe siècle que cette technique s'exporte au Japon, tandis qu'elle disparaît progressivement en Chine. Les Japonais améliorent la méthode et commencent à consommer également le riz vers cette période, mettant fin au gaspillage. Au XVe siècle, les habitants d'Edo (ancien nom de Tokyo) ont l'idée d'ajouter du vinaigre de riz pour accélérer le processus de fermentation.
La véritable révolution intervient en 1824 avec Hanaya Yohei, un vendeur ambulant d'Edo qui invente le sushi que nous connaissons aujourd'hui. Il crée un plat de restauration rapide, en façonnant à la main des morceaux de riz simplement vinaigré, surmontés de poisson frais. Ce sushi, qui ne nécessite plus de fermentation, connaît un succès fulgurant dans tout le Japon. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les restaurants de sushi se développent et remplacent progressivement les étals de rue.
Le mot "sushi" lui-même vient des termes japonais "su" (vinaigre) et "shi" (riz), faisant référence au riz vinaigré qui constitue la base de cette préparation. Si aujourd'hui le sushi est mondialement connu, c'est grâce à sa capacité à s'adapter aux goûts locaux tout en conservant son essence.
Les sushi traditionnels : nigiri, maki et chirashi
Parmi les sushis traditionnels, le nigiri-sushi est sans doute le plus emblématique. Il s'agit d'une petite boule de riz vinaigré pressée à la main, sur laquelle on dépose une fine tranche de poisson cru. Le nigiri tire son nom du verbe japonais "nigiru" qui signifie "presser". Ce type de sushi demande une grande dextérité : le chef doit former un pavé de riz d'environ 20 grammes, en le pressant légèrement entre ses doigts pour lui donner sa forme caractéristique. La préparation du riz est cruciale et l'assaisonnement avec du vinaigre de riz, du sucre et du sel doit être parfaitement maîtrisé.
Le maki-sushi, couramment appelé simplement "maki", est un autre classique de la cuisine japonaise. Littéralement "sushi en rouleau", il est préparé en enroulant du riz vinaigré et divers ingrédients dans une feuille d'algue nori séchée. La préparation se fait à l'aide d'un makisu, un tapis en bambou qui permet de donner une forme cylindrique parfaite. Une fois le rouleau formé, il est découpé en six ou huit morceaux égaux. Les maki sushi peuvent contenir une grande variété d'ingrédients, du poisson cru aux légumes, offrant ainsi d'infinies possibilités de combinaisons.
Le chirashi-zushi, littéralement "sushi éparpillé", propose une approche différente. Dans un bol ou sur un plateau, on dispose une couche de riz vinaigré, sur laquelle sont soigneusement arrangées des tranches de poisson cru et de légumes. Ce plat coloré est particulièrement apprécié lors des fêtes et banquets au Japon. Il existe plusieurs variantes régionales comme le bara-zushi d'Okayama, très élaboré, ou encore le tekone-zushi de la région de Mie, spécifiquement préparé avec des poissons à chair rouge comme le thon.
Ces trois types de sushis constituent la base de la cuisine traditionnelle japonaise et ont traversé les siècles en conservant leurs méthodes de préparation ancestrales. Malgré la modernisation des techniques et l'apparition de nouvelles variétés, ils restent des références incontournables pour tout amateur de cuisine nippone.
Les variantes populaires du maki : futomaki, hosomaki et temaki
Le monde des makis est riche en variations, chacune ayant ses caractéristiques distinctives. Parmi les plus populaires, le futomaki se démarque par sa taille imposante. Son nom signifie littéralement "gros rouleau" et il mesure généralement entre 5 et 6 centimètres de diamètre, contrairement aux makis classiques qui font environ 3 à 4 centimètres. Cette version plus généreuse contient plusieurs ingrédients qui créent un bel assortiment de saveurs et de textures. Le futomaki est particulièrement apprécié lors des célébrations et festivités au Japon, où sa présentation colorée et son aspect imposant en font un plat de choix pour les occasions spéciales.
À l'opposé, le hosomaki est un maki fin et délicat, ne contenant généralement qu'un seul ingrédient, comme du concombre (kappa-maki) ou du thon (tekka-maki). Avec un diamètre d'environ 2 à 3 centimètres, il est considéré comme la version minimaliste du maki. Sa simplicité met en valeur la qualité de l'ingrédient principal et la perfection du riz. Pour les débutants souhaitant s'initier à Comment cuisiner de bons sushis, le hosomaki est souvent recommandé comme première étape, car sa technique de roulage est plus accessible.
Le temaki, quant à lui, prend une forme totalement différente. Plutôt que d'être coupé en rondelles, ce "sushi à main" se présente comme un cône d'algue nori, rempli de riz et de divers ingrédients. Plus imposant que les autres makis, le temaki se mange traditionnellement à la main, d'où son nom. Il est particulièrement apprécié pour son côté convivial et pratique. Dans les foyers japonais, il n'est pas rare d'organiser des "temaki parties" où chacun compose son propre cône selon ses préférences.
Ces variantes du maki illustrent parfaitement la diversité et la créativité de la cuisine japonaise. Chaque type répond à des besoins différents : le futomaki pour les occasions festives, le hosomaki pour une dégustation pure et précise, et le temaki pour un repas décontracté et personnalisable. La maîtrise de ces différentes techniques de préparation témoigne du savoir-faire des chefs japonais et de leur capacité à transformer un concept simple en une multitude de créations distinctes.
Les sushi modernes et occidentalisés : california rolls et uramaki
L'internationalisation du sushi a donné naissance à des créations innovantes qui, bien que s'éloignant de la tradition, ont contribué à sa popularité mondiale. Parmi ces innovations, les California rolls occupent une place de choix. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette création n'est pas née en Californie mais a été imaginée par un chef japonais travaillant à Los Angeles dans les années 1970. Face aux réticences des Américains à consommer du poisson cru et confronté à la difficulté de s'approvisionner en thon gras (toro), il a créé un maki inversé utilisant du surimi, de l'avocat et du concombre, des ingrédients plus accessibles et familiers pour les palais occidentaux.
La particularité technique du California roll réside dans sa construction : il s'agit d'un uramaki, ou "rouleau inversé", où le riz se trouve à l'extérieur et l'algue nori à l'intérieur. Cette disposition permet de masquer l'algue, dont le goût et l'aspect pouvaient rebuter certains consommateurs occidentaux. Le riz extérieur est souvent parsemé de graines de sésame qui apportent une touche croustillante et un visuel attrayant.
Le succès fulgurant des California rolls a ouvert la voie à une multitude d'autres créations occidentalisées. Des combinaisons comme le Philadelphia roll (saumon et fromage frais), le Dragon roll (anguille grillée et avocat) ou encore le Rainbow roll (recouvert de tranches de différents poissons) ont enrichi l'offre des restaurants japonais à travers le monde. Ces variations se caractérisent généralement par l'utilisation d'ingrédients non traditionnels et par des associations de saveurs audacieuses qui séduisent un public toujours plus large.
Si certains puristes considèrent ces créations comme des dénaturations du sushi traditionnel, d'autres y voient plutôt un témoignage de l'adaptabilité et du dynamisme de la cuisine japonaise. Ces innovations ont indéniablement joué un rôle crucial dans la démocratisation du sushi à l'échelle mondiale, offrant une porte d'entrée accessible aux néophytes tout en préservant l'essence même de ce mets : l'harmonie des saveurs et la fraîcheur des ingrédients.
Il est intéressant de noter que ces créations occidentalisées ont aujourd'hui trouvé leur place au Japon, notamment dans les établissements fréquentés par les touristes ou dans les Les kaitenzushi, ces restaurants à sushi à tapis roulant qui proposent des options variées pour tous les goûts.
Les préparations spéciales : gunkan, inari et temari
Au-delà des catégories classiques, la cuisine japonaise propose des préparations de sushi plus spécifiques, chacune ayant ses particularités techniques et gustatives. Le gunkan maki, dont le nom signifie "navire de guerre" en raison de sa forme, est l'une de ces variations distinctives. Il se compose d'une base de riz entourée d'une bande d'algue nori qui dépasse, formant ainsi un réceptacle. Cette structure permet de contenir des ingrédients plus délicats ou liquides comme les œufs de saumon (ikura), les oursins (uni) ou encore différentes préparations de tartares. Le gunkan est particulièrement apprécié pour sa capacité à mettre en valeur ces garnitures précieuses tout en offrant une expérience gustative riche et variée.
L'inari-zushi, nommé d'après le dieu-renard Inari, présente une approche complètement différente. Ce sushi végétarien se compose d'une poche de tofu frit (aburaage) remplie de riz vinaigré. L'aburaage est préalablement mijoté dans un mélange de sauce soja sucrée, de mirin et de dashi, lui conférant une saveur douce et savoureuse qui contraste avec l'acidité légère du riz. Selon la légende, ce sushi aurait été créé en hommage au dieu Inari, connu pour son appréciation du tofu. L'inari-zushi reste aujourd'hui l'un des rares sushis sans poisson ni légumes frais, ce qui en fait une option appréciée des végétariens. Vous pourrez en déguster au restaurant Ajigin de Tokyo, qui en a fait sa spécialité.
Le temari-sushi est quant à lui une version élégante et ludique du nigiri. Son nom, qui fait référence aux balles décoratives traditionnelles japonaises, évoque sa forme sphérique parfaite. Le riz est façonné en boule, puis recouvert d'une fine tranche de poisson ou d'autres ingrédients colorés. Sa préparation, moins technique que celle du nigiri, le rend particulièrement populaire dans les foyers japonais, notamment lors des repas familiaux où même les enfants peuvent participer à sa confection. Les temari-sushi sont souvent préparés avec une grande attention esthétique, créant de véritables mosaïques colorées lorsqu'ils sont disposés ensemble.
Ces préparations spéciales illustrent la richesse et la diversité de l'art du sushi au Japon. Qu'il s'agisse de créations adaptées à des ingrédients spécifiques comme le gunkan, de recettes traditionnelles liées à des croyances comme l'inari, ou d'interprétations accessibles et esthétiques comme le temari, chaque variation témoigne de l'ingéniosité des chefs japonais et de leur capacité à réinventer constamment cet art culinaire ancestral.
Le sashimi : un cas particulier dans l'univers des sushi
Le sashimi occupe une place à part dans l'univers des sushis, car techniquement, il n'en est pas un. Contrairement aux sushis qui associent systématiquement du riz vinaigré à d'autres ingrédients, le sashimi se compose uniquement de tranches de poisson cru, sans riz. Cette distinction fondamentale est souvent méconnue en Occident, où l'on confond fréquemment ces deux préparations.
L'art du sashimi réside dans la qualité exceptionnelle du poisson et dans la technique de découpe. Les tranches de sashimi sont généralement plus épaisses que celles utilisées pour les nigiri-sushi, permettant ainsi d'apprécier pleinement la texture et les saveurs du poisson. Les poissons les plus couramment utilisés sont le thon, le saumon, le bar et la daurade, mais on trouve également des sashimis de poulpe, de crevette ou d'autres fruits de mer selon les régions et les saisons.
La préparation du sashimi demande un savoir-faire pointu et l'utilisation d'un couteau spécifique, le yanagiba, dont la lame longue et fine permet des coupes nettes et précises. Cette maîtrise technique est l'une des compétences fondamentales que doit acquérir tout chef aspirant à devenir Le métier de chef sushi. La fraîcheur irréprochable du poisson est également primordiale, car le sashimi n'utilise aucun autre ingrédient pour masquer d'éventuels défauts.
Le sashimi est traditionnellement servi sur un lit de daikon (radis blanc japonais) finement râpé, accompagné de wasabi frais et de sauce soja de qualité. Cette présentation minimaliste met en valeur la beauté naturelle du poisson et respecte la philosophie japonaise qui privilégie la pureté et la simplicité. La dégustation du sashimi est considérée comme l'une des expériences culinaires les plus raffinées du Japon, permettant d'apprécier le poisson dans son expression la plus pure.
Bien que distinct des sushis, le sashimi partage avec eux des principes fondamentaux : l'importance de la qualité des ingrédients, la précision technique et le respect des saveurs naturelles. C'est pourquoi il figure invariablement aux côtés des sushis dans les restaurants japonais traditionnels, où il est souvent servi en début de repas pour éveiller les papilles avant de passer aux préparations plus complexes. Comment déguster vos sushis est tout un art qui s'applique également au sashimi, avec quelques nuances propres à chaque préparation.
Les innovations contemporaines et alternatives végétariennes
L'art du sushi continue d'évoluer à travers le monde, donnant naissance à des créations innovantes qui repoussent les frontières de la tradition tout en respectant son essence. Les chefs contemporains, tant au Japon qu'à l'international, explorent de nouvelles techniques, saveurs et présentations pour réinventer ce plat emblématique.
Parmi les tendances récentes, on observe l'émergence du sushi fusion, qui incorpore des influences culinaires diverses dans la préparation traditionnelle. Des ingrédients comme le foie gras, la truffe, les fruits tropicaux ou encore les épices internationales viennent enrichir la palette des saveurs. Des techniques modernes comme la sphérification, la fumigation instantanée ou l'utilisation d'azote liquide permettent de créer des textures et des sensations inédites.
Le sushi déstructuré représente une autre innovation notable, où les composants traditionnels (riz, poisson, algue) sont réinterprétés et présentés sous des formes surprenantes. Les chefs jouent avec les températures, proposant des sushis tièdes ou même chauds, défiant ainsi la règle classique qui veut que le sushi soit servi à température ambiante.
Face à la demande croissante d'options végétariennes et véganes, les alternatives sans poisson se sont considérablement développées. Les chefs créatifs utilisent des légumes comme substituts, créant des "sashimis" de tomate, d'avocat ou de betterave traités pour imiter la texture du poisson. Les champignons, particulièrement les shiitakés, offrent des saveurs umami qui rappellent celles des fruits de mer.
Des préparations comme le maki veggie intègrent des ingrédients variés tels que l'avocat, le concombre, les poivrons grillés, ou encore le tempeh et le tofu caramélisés dans une sauce façon teriyaki. Ces options ne sont plus considérées comme de simples alternatives mais comme des créations à part entière, appréciées tant par les végétariens que par les omnivores.
L'attention portée aux riz alternatifs constitue également une innovation intéressante. Le riz brun, le riz noir ou même le quinoa remplacent parfois le riz blanc traditionnel, apportant des textures et des saveurs différentes tout en offrant des bénéfices nutritionnels supplémentaires. L'utilisation de Le vinaigre de riz reste essentielle dans ces préparations pour maintenir l'équilibre des saveurs caractéristiques du sushi.
Ces évolutions témoignent de la vitalité et de l'adaptabilité du sushi, qui continue de se réinventer tout en conservant son identité fondamentale. Qu'il s'agisse d'innovations techniques, d'inspirations multiculturelles ou d'adaptations aux régimes alimentaires contemporains, le sushi démontre sa capacité à traverser les époques en se transformant sans cesse, tout en restant fidèle à ses principes d'excellence et d'harmonie gustative.
Pour les amateurs souhaitant explorer ces nouvelles frontières du sushi à domicile, de nombreuses ressources sont disponibles, comme Notre article sur les sushis qui présente en détail les techniques de base et les innovations contemporaines.